jeudi 31 décembre 2009


CASINO de Martin Scorsese (1995)







mercredi 21 octobre 2009

Brandt rapsodie

Brandt rapsodie de Benjamin Biolay (en duo avec Jeanne Cherhal)
sur le brillantissime album La Superbe de Benjamin Biolay.


MOI (9) : Hiver, teasing

J'aime plutôt l'automne et j'aime bien l'idée de l'hiver. J'ai dit l'idée...
L'automne est ce moment ou après la torpeur de l'été les projets démarrent, redémarrent, prennent forme. Et il me semble que c'est exactement ce qui se passe en ce moment grâce à quelques bonnes nouvelles. Et puis il y a la douceur du soleil d'automne qui est bien plus caressant qu'en été (pour moi un coup de soleil c'est 5 minutes chrono...).
L'idée de l'hiver me plaît. Peut-être même l'imagerie liée à l'hiver, et particulièrement en ville.
J'aime bien le contraste entre le calfeutrage dans un appartement bien chauffé (et factures EDF salées...) et nos courses dans paris glacial, entre une bouche de métro et un rendez-vous dans un café, un bureau.
Et aussi un dimanche sec et ensoleillé, bravé en terrasse. Ou un dimanche pluvieux ou cotonneux dans la couette ou sur le canapé devant un Bergman ou un bon livre.
Bref toutes ces choses qui rendent supportable, voire même aimable, l'hiver. ces choses que nous aimons à peu près tous je crois. Sans toutefois tomber dans le lyrisme quincailler de Jeunet.

Je découvre le dernier album de Benjamin Biolay, qui est très "hiver" je trouve (tout Biolay est très "hiver" en fait). Le précédent, Trash yéyé avait accompagné pas mal de mes moments de l'hiver 2007. Et là je retrouve des traces de cet hiver mais avec autre chose. Biolay y est ici plus baroque que jamais, alternant avec des chansons beaucoup plus simples. Bien sûr l'ensemble est chargé, mélancoliquement parlant disons. Mais il s'améliore encore dans les textes et cisèle avec un talent incroyable dans les orchestrations et arrangements. C'est complexe, profond, nourrit au risque de la prétention s'il n'était pas si doué pour son âge.
Daho accompagne aussi ces jours avec son Live à Pleyel. Et là on se dit qu'il a atteint une grande maturité dans sa voix (que d'autres lui ont tant reproché). La simplicité apparente des textes cache une personnalité très complexe, torturée et qui ne cesse de tenter d'atteindre une sorte d'absolu, d'idéal, d'équilibre. Daho meurt souvent, renaît toujours; dans sa carrière comme dans ce qu'il raconte de sa vie intime dans ses chansons. Daho est un phoenix et cette idée me plaît beaucoup.

Du côté du cinéma rien à signaler en revanche. En attendant la sortie du film de Haneke et de celui de Bruno Dumont.


lundi 12 octobre 2009

Ouverture

Il n'est pas de hasard,
il est des rendez-vous,
pas de coïncidence.
Aller vers son destin,
l'amour au creux des mains,
la démarche paisible.
Porter au fond de soi,
l'intuition qui flamboie,
l'aventure belle et pure.
Celle qui nous révèle,
superbes et enfantins,
au plus profond de l'âme.
Porté par l'allégresse,
et la douceur de vivre,
de l'été qui commence.
La rumeur de Paris,
comme une symphonie,
comme la mer qui balance.
J'arrive au rendez-vous,
dans l'épaisse fumée,
le monde me bouscule.
Réfugié dans un coin,
et observant de loin,
la foule qui ondule.
Mais le choc imminent,
sublime et aveuglant.
Sans prévenir arrive.
Je m'avance et je vois,
que tu viens comme moi,
d'une planète invisible.
Où la pudeur du cœur,
impose le respect
et la confiance sereine.
Et plus tu t'ouvres à moi,
et plus je m'aperçois,
que lentement je m'ouvre.
Et plus je m'ouvre à toi,
et plus je m'aperçois,
que lentement tu t'ouvres.

Il fut long le chemin,
et les pièges nombreux,
avant que l'on se trouve.
Il fut long le chemin,
les mirages nombreux,
avant que l'on se trouve.

Ce n'est pas un hasard,
c'est notre rendez-vous,
pas une coïncidence.

Ouverture
in Corps et armes

...et aussi sur le Live à Pleyel sorti ces jours-ci.

mercredi 7 octobre 2009

Au voleur

Boy meets girl. Un sujet de cinéma simple, limpide et fort, autant que le premier long métrage de Sarah Leonor.
Isabelle rencontre Bruno. Isabelle est prof d'allemand, Bruno est voleur au sens presque professionnel du terme. Leur histoire commence simplement, doucement sans y penser vraiment.
Bruno est recherché par la police... Isabelle l'aide à fuir, Bruno l'entraîne dans la forêt où leur amour va s'épanouir, loin du monde et de sa violence.

Le film de Sarah Leonor est d'une épure presque parfaite. Tant dans sa dramaturgie construite à l'économie des mots, que dans sa mise en scène. Et pourtant chaque personnage, chaque situation, chaque personnage possède l'épaisseur nécessaire au film. Sarah Leonor dispose soigneusement chaque élément, chaque parole comme des éléments fragiles, ténu et fait confiance à l'intelligence du spectateur pour s'en saisir.
C'est aussi le casting qui est réussi totalement, avec la géniale (comme toujours) Florence Loiret-Caille et le toujours incandescent Guillaume Depardieu. Mais aussi en ce qui concerne les seconds rôles: Jacques Nolot notamment avec sa façon de dire les mots qui est toujours un délice.
Sarah Leonor filme au cordeau et laisse l'espace nécessaire pour la vie de ses personnages. Elle les inscrits dans des cadres choisit avec soin et un certain penchant pour la picturalité en jouant sur les couleurs: du bleu de la ville au vert de la forêt. Sa mise en scène construite (cadres, rimes visuelles...) détonne avec la mise en scène passe-partout souvent à l'oeuvre dans bien des films. Elle sait se faire sensuelle sans tomber dans l'inconsistance ou la belle image.
Les choix musicaux (thanks to Franck Beauvais) étonnent aussi et le folk se marie avec merveille avec la campagne française.

Et on repense aux petites mains de Florence Loiret-Caille sur les mains de Guillaume Depardieu... Et le corps de ce dernier, puissant, écorché de toute part, comme une lame rayée.
Et cette séquence où Depardieu dit "va falloir que je me calme" avec une grande violence, et le "qu'est ce que ça veut dire" perdu et fragile de Florence Loiret-Caille. Une étincelle parfaite.

On pense bien sûr à La Nuit du chasseur dans toute la partie de la forêt. Et puis on remarque que c'est la deuxième fois cette année, après Le Roi de l'évasion d'Alain Guiraudie, qu'un couple prends le maquis pour vivre son amour.

mardi 29 septembre 2009

Darrieussecq 1 / Polanski 0

Quelques jours avant l'arrestation de Roman Polanski, une déclaration de Marie Darrieussecq est passée (à ma connaissance) innaperçue.
Marie Darrieussecq, écrivain français, parmi les plus intérressants, plébiscité par le public et la critique déclare dans les Inrockuptibles la semaine dernière.

A la question : "Vous avez la sensation qu'il y a un désir de réprimer l'imaginaire?", Darrieussecq réponds ceci:

"Il suffit de penser à l'affaire de l'expo attaquée en justice, Présumés innocents. Les juges et une partie du public confondent imaginaire, fantasme, passage à l'acte. ça c'est vraiment contemporain. on n'a plus le droit d'avoir des colères, des imaginaires. L'artiste Bill Henson a vu son exposition envahie par la police à cause de photos de pré-adolescentes nues, c'est hallucinant. La galerie a été fermée. Je pense qu'on a le droit de regarder des photos d'enfants nus et y compris de se branler devant. Cela ne regarde que l'imaginaire privé des gens. je ne fais pas l'apologie du viol des enfants. Mais je pose la question: peut-on encore écrire des romans où il se passe des choses illégales? je crois que la peur de ses fantasmes, pulsions est de plus en plus répandue. alors qu'on sait très bien les contrôler. on essaie de faire croire aux gens qu'il faut avoir peur des autres, et aussi de soi-même: "Restez à la maison, dehors c'est dangereux...".

Marie Darrieussecq n'est pas vraiment connue pour être une provocatrice. Darrieussecq a raison de défendre l'exposition Présumés innocents et le travail de Bill Henson. Elle a raison de dire que l'on doit avoir le droit d'écrire des actes illégaux dans une oeuvre de fiction, dans un travail artistique (rappelons tout de même le tollé provoqué il y a quelques années par les romans Il entrerait dans la légende de Louis Skorecki et Rose bonbon de Nicolas Jones Gorlin). Lorsqu'elle dit que la société est anxiogène et qu'elle pousse les individus à se refermer sur eux-même, elle a totalement raison.
Ce qui aurait pu provoquer la polémique, c'est vous l'aurez remarqué vous-même, cette phrase: "Je pense qu'on a le droit de regarder des photos d'enfants nus et y compris de se branler devant". Dans l'absolu elle a totalement raison: cela fait partie de l'imaginaire de chacun, de la vie privée de chacun. Marie Darrieussecq oublie simplement de préciser que dans ce cas là, le support est rarement une oeuvre d'art mais bien souvent, voire toujours des photos, en provenance de réseaux qui exploitent des mineurs pour générer aussi un revenu économique.
Mais Marie Darrieussecq reste dans l'absolu, dans le domaine des idées et sa déclaration n'est pas idiote. elle a le mérite d'être étonnante dans notre époque.
Cela dit, j'attendais (disons je craignais), une levée de bouclier des associations familialles (souvent catholiques) ou de certains éditorialistes. Surtout dans notre époque. Et, rien...
Cela m'étonne, et je me dis que peut-être tout simplement cette interview n'a pas été lue. Mais je me trompe peut-être. Ou alors si cela avait été une déclaration de Michel Houellebecq aurait-on assisté à un scandale? Houellebecq est un homme, il a la gueule de l'emploi, il est habitué aux déclarations franches qui créent la polémique.

Quelques jours plus tard c'est l'affaire Polanski qui ressurgit trente ans après. Même si on la connaissait, même si on savait que le classement de l'affaire avait été refusé au printemps, cette fois-ci l'affaire revient sur le devant de la scène.
Et avec des réactions très étonnantes. Très étonnantes, encore, pour l'époque.

Je ne vais pas revenir sur les fait qui sont très bien relatés dans tous les journaux ces jours-ci...
Ce que je retient: Polanski a plaidé coupable (aux USA il vaut mieux plaider coupable pour obtenir une peine plus clémente) en ce qui concerne le rapport avec la jeune fille, il a nié le viol. Polanski a quitté les USA pour échapper à la prison parce que le juge en charge de l'enquête avait manifestement décidé de s'acharner sur lui, prenant à partie la presse, provoquant des vices de formes dans la procédure qui étaient défavorable à Polanski. En outre Polanski a dédommagé la victime. La victime demande depuis plusieurs années le classement du dossier.

Dans l'instant où j'entend à la radio la nouvelle de l'arrestation de Polanski je me dis qu'il n'y aura sans doute pas grand monde pour le défendre: le sujet est sensible. Quelques heures plus tard c'est rien de moins que le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, qui s'insurge en ajoutant que le Président de la république est lui aussi choqué et suit le dossier de près.

Défendre Polanski me semble très osé vu les faits qui lui sont reprochés.
Même si je suis de ceux qui pensent que Polanski a payé déjà très cher, par une sorte de justice immanente, en ne pouvant plus revenir aux Etats-Unis et ainsi voir sa carrière et presque toute sa vie empêchée par cette affaire. seulement il y a la justice dite des hommes. Et à la lecture des commentaires des lecteurs des journaux en ligne (Le Monde, Libération, Le Figaro et autres...) force est de constater qu'une écrasante majorité demande que Polanski soit considéré comme un justiciable comme les autres. Le peuple veut du sang, le peuple veut qu'il paye.

Ce qui est frappant c'est cet emballement au plus haut sommet de l'état pour défendre celui qui au yeux du peuple est finalement un vulgaire fugitif, violeur.
L'époque est décidément très étonnante. Tout se brouille, tout se mélange.

A part ça, dans les heures qui viennent, un autre réalisateur, Jean-Claude Brisseau va être à nouveau entendu par un procureur pour une affaire qui implique une femme majeure, qui ne se plaint pas de viol, qui était consentante... Là personne, ou presque, pour le défendre. Brisseau à la gueule de l'emploi... et sans doute beaucoup moins de relations ou tout simplement de moyens financiers... Mais bien sûr cela n'a sans doute rien à voir.


lundi 28 septembre 2009

Portishead

As she walks in the room
Scented and tall
Hesitating once more
And as I take on myself
And the bitterness I felt
I realise that love flows

Wild, white horses
They will take me away
And the tenderness I feel
Will send the dark underneath
Will I follow?

Through the glory of life
I will scatter on the floor
Disappointed and sore
And in my thoughts I have bled
For the riddles I've been fed
Another lie moves over

Wild, white horses
They will take me away
And the tenderness I feel
Will send the dark underneath
Will I follow?

Wild, white horses
They will take me away
And the tenderness I feel
Will send the dark underneath
Will I follow?


The Rip
in Third by Portishead

Découvrez la playlist Portishead avec Portishead

dimanche 27 septembre 2009

Moi (8) : Fêtes

Vendredi soir c'était Le Briefing de rentrée chez moi... Où l'on prends des nouvelles des uns et des autres entre 21h30 et 5h00 du matin, et cela sans un voisin qui bronche (c'est normal, la musique est tellement bonne qu'ils serait déplacé de se plaindre). Pas mal d'absents, retenus pour de justes causes mais une petite trentaine de passages tout de même.

Tout à commencé très tranquillement (ce qui m'a permis de finir ma soupe à la tomate) avec VL et son compagnon. On parle de montages en cours, du quartier, etc... Viennent se joindre à nous VD toujours bien entouré de McM et D les bassistes et guitaristes que je verrais à l'oeuvre à la Maroquinerie en décembre. McM prolongeait l'été avec un magnifique shorty et elle était dans une grande forme, pleine de facéties. Avec VD nous faisons le point de notre exploration des blogs de filles et tentons de rassembler les indices sur Julie F. et je l'encourage aussi à aller faire un tour sur SnS et Simone de Bougeoir. VD me parle de aussi de G&G et de son joli minois aperçu dans un de ces posts...
Je rencontre avec plaisir (enfin!) pour la première fois en vrai JL, blogeur cinéphile mais pas que... Et puis DL débarque enfin avec une nouvelle coupe d'inspiration Louise Brooks. Elle est en transe, SB devrait venir ce soir, mais je sais déjà qu'il ne sera pas là... Je lui apprends la nouvelle avec délicatesse et elle semble presque se décontracter...
IM est là, je ne l'ai pas vue depuis Cannes. Elle a une très jolie robe fleurie, tiens son sac à main contre elle toute la soirée et parle et parle... Et c'est toujours agréable, enthousiaste, intelligent. Plus tard elle tentera de psychanalyser BB avec la complicité amusée de DL. BB se pose beaucoup de questions sur les filles et sur ses rapports avec icelles. J'apporte quelques réflexions et tente de dédramatiser...
Plus tard c'est le même BB qui détiendra un moment le record de tractions à la barre fixée dans l'appart, avec 9 tractions. Puis c'est YG qui en fait 10, puis JSC qui en véritable athlète en fait 11 à l'aise. Les filles essaient sans autant de succès... McM nous laisse entrevoir son joli nombril à chaque fois qu'elle s'agrippe à la barre, D a des problèmes avec sa robe trop courte.
Pendant ce temps NA s'empare de l'ordinateur pour passer de la musique et faire danser très énergiquement DM tout sourire. Et puis il y a LL aussi avec qui je n'ai pas tellement eu le temps d'échanger et qui repartira tôt, sans me demander cette fois-ci de le dépanner en préservatifs. ThLL arrive avec sa bande: JT, A, MA, AH, N et emplit l'appart de son grand rire.
YG toujours aussi adorable et classe a amené une bouteille de champagne que nous retrouverons avec bonheur vers 4h... Mais je regrette du coup de n'avoir pas bu ce champagne avec YG parti trop tôt. Et puis il y a EB (toujours aussi en forme) venue avec son associé E (toujours aussi en forme).
Dommage tout de même que LB, CW, SdF, VK, LB, JdC, AP, FT, CB, KD, MjM, HK, JJG, CL, et un paquet d'autres n'aient pu venir. Next time.
Je termine la nuit à la terrasse d'un café du quartier pour un petit déjeuner avec DL.

Le lendemain grand ménage et fête à nouveau, cette fois chez JT.
C'est l'anniversaire de ThLL. Il y a AH, TH, MA, A, N, SM (pas venue la veille, elle venait de quitter un mec), NA (qui me reparle de DM...)...
Puis je prends d'exelentes nouvelles de JT qui termine son nouveau film, puis NA se joint à nous et nous disons du mal (surtout eux). JT me présente EH que je ne connais que via facebook. Elle me parle du dernier clip qu'elle a réalisée, et de ses projets.
Je passe un long moment dans la cuisine à discuter avec A qui a écrit un essai sur Houellebecq et que j'ai hâte de lire. Un moment avec MA, toujours aussi drôle et souriante et qui ne boit plus que du jus de fruit pour cause d'heureux événement à venir. Dans la pièce à côté on se déchaîne sur la piste de danse. Je passe un moment avec N qui vient d'avoir son bac et s'apprête à faire une formation pour apprendre la langue des signes. Un cigarillo offert par ThLL et une discussion avec TH, avec AH qui dort à côté sur le canapé. Tiens il y a LC (fille de) qui décidément tire toujours autant la gueule.
Il est 4h, il n'y a plus grand monde, je pars.

ps: post en hommage à ihu et à son blog, feu R-S-C.

vendredi 18 septembre 2009

Louis Skorecki

"Après une courte période intermédiaire où le populo et l'intello se sont mélangés dans les salles, le cinéma a fini par ne plus être fréquenté que par ceux qui ont les moyens de se l'offrir, les bourgeois, ceux qui savent parler des films ... mais plus vivre les films."

Louis Skorecki

mardi 15 septembre 2009

Moi (7) : Combats de coqs

Vous aurez remarqué que je donne mon avis sur certains films et livres sur ce blog. Généralement plutôt des oeuvres que j'ai aimé ou que je considère digne d'être vues ou lues.
Pour autant je ne prétends pas du tout écrire une "critique" complète, fouillée. Je reste assez général, et je m'attarde parfois sur certains aspects mais je ne considère pas cela comme un travail "critique". Je laisse ça aux journalistes, aux critiques dont c'est le métier.
Tout simplement parce que je ne pense pas en avoir ni le talent, ni la patience parfois. Aussi je ne parle pas de tous les films que je vois, ni de tous les livres que je lis, d'autant que mon rythme est parfois irrégulier en fonction d'autres "travaux" qui m'occupent.
Je ne pense pas être particulièrement bon pour l'exercice critique qui nécessite un temps long de réflexion, une organisation de ses idées sur un sujet précis. Et je n'en ai pas toujours le temps. Ce blog est beaucoup plus impulsif qu'il n'y parait...
Je ne parle jamais de musique (au mieux je mets un extrait sur un lecteur en bas de post) parce que je ne pense pas savoir parler de musique. Je n'ai pas le vocabulaire pour ça et sans doute encore moins de références qu'en cinéma par exemple. Mon approche de la musique reste émotionnelle et intuitive. Ce qui ne me frustre absolument pas.
D'ailleurs j'essaye encore d'avoir cette approche par rapport au cinéma car si je fais le bilan je crois que j'aime beaucoup plus les films qui restent en partie mystérieux, impénétrable (parfois)... Je crois que j'aime encore plus les films dont j'ai du mal à parler finalement.
Je lis encore avec plaisir la critique cinéphilique quand elle est brillante dans le style et éclairante (par opposition à la diarrhée verbale obscure de certains) et qu'elle n'essaye pas "de se faire plus grosse que le film" (comme la grenouille... l'ego du critique à parfois l'ambition de celle-ci).
Quand à la discussion autour des films, entre amis, j'y prends moins de plaisir qu'il y a quelques années c'est vrai... J'y ai passé beaucoup d'énergie en argumentant, en me défendant, en tentant de convaincre, parfois avec succès, parfois moins. Mais pour quels résultats? Finalement si peu si ce n'est parfois le plaisir très égocentrique d'avoir convaincu quelqu'un qui parfois n'avait rien demandé en fait... Et puis ces longs palabres autour d'un film (parfois tellement mineur en plus... et si vite oublié) sont aussi des batailles où la mauvaise foi, l'orgueil, et le ton (souvent élevé) finissent parfois par abîmer le film même. Rares finalement sont les gens qui savent rendre hommage au film, le tirer vers le meilleur sans être dupe de ses faiblesses.
En revanche j'aime toujours assister à ses joutes, j'aime les lire, les entendre. Car les protagonistes s'y dévoilent, s'y révèlent, parfois brillants, parfois ridicules ou tantôt l'un puis tantôt l'autre d'ailleurs.
Ceci dit je ne pense pas que mon "retrait" soit incompatible avec le "faire". J'entends par là montrer des films, les faire découvrir et même en faire. Mais les laisser atteindre le spectateur sans trop les dévoiler, sans ensuite abîmer ce qui a pu toucher tel ou tel reste quelque chose de précieux.

Tiens, je n'ai toujours pas vu Inglourious Basterds. Peut-être aussi parce qu'on m'en a dit ici et là finalement plus de mal que la rumeur première ne semblait le laisser croire... Et puis j'ai à faire... alors je reporte... D'ailleurs je pense que les films de Tarantino (j'en aime certains: Reservoir Dogs et Pulp Fiction surtout... ensuite j'aime des bouts...) sont aussi des vrais films pour cinéphiles parce que la parole, la négociation permanente se rapproche du débat cinéphilique. Il s'agit d'une tractation là aussi où un sujet banal (ou un film disons) est un objet permettant de se mesurer à l'autre. et il s'agit finalement d'un comportement assez machiste, toutes plumes, griffes et rugissements dehors. Un combat de coqs.


samedi 12 septembre 2009

Jan Karski

Jan Karski a 25 ans en 1939 lorsqu'il travaille pour le ministère des affaires étrangères polonais et que l'Allemagne envahit le pays. Il est fait prisonnier par l'armée rouge qui le remet aux Allemands. Jan Karski s'évade et entre dans la résistance polonaise.

Jan Karski c'est aussi le titre d'un roman de Yannick Haenel (co-animateur avec François Meyronnis de la revue Ligne de risque), publié en cette rentrée.

Le livre de Yannick Haenel est construit en trois parties: un compte rendu précis du témoignage de Jan Karski dans Shoah de Claude Lanzmann, un résumé des activités de Jan Karski pendant la guerre, une partie romancée où l'auteur tente de retranscrire les pensées de Karski au fil des années qui ont suivi la guerre.

Jan Karski sera, de fin 1939 à fin 1942, essentiellement chargé de transmettre des informations entre la résistance polonaise et le gouvernement polonais en exil en France. Mais ce qui va hanter Karski toute sa vie c'est le message qu'il devait transmettre sur l'existence de l'extermination des juifs. Ce message il le tient de deux religieux qui le chargent d'aller dire aux alliés la réalité de cette extermination et pour que le message soit fort ils convient Karski à "visiter" le ghetto de Varsovie et un camp d'extermination. Les deux visites qu'effectue Karski dans le ghetto, en passant par un passage secret, puis dans un camp où avec la complicité d'un ukrainien il entre comme gardien durant quelques heures, seront les moments les plus marquants de sa vie. Ces moments il les décrit comme un passage dans la mort, comme s'il était mort lui-même là-bas. Karski n'en revient pas de ce qu'il voit. Et c'est bien l'effet que cherchaient les deux religieux afin qu'il puisse dire "j'ai vu", qu'il puisse témoigner auprès des alliés et qu'il les convainquent d'agir plus seulement dans une stratégie militaire ou politique mais pour sauver le peuple juif de l'extermination totale.

Karski devient donc le témoin et le messager. Et de fin 1942 jusqu'au terme de la guerre il ne cessera de raconter ce qu'il a vu, auprès des autorités polonaises en exil, des autorités anglaises, puis au Etats-Unis à Roosevelt lui-même et à la presse. Jan Karski se heurte à l'incrédulité, à la surdité des alliés qui l'écoutent poliment mais ne semblent pas prendre toute la mesure de ce qu'il a vu, ni envisager l'urgence de la situation qui demande des interventions ciblées. Karski s'épuise à raconter ce qu'il a vu, à réciter son message sans être compris. A la fin de la guerre Jan Karski entre dans une longue période de mutisme, estimant qu'il a échoué dans sa mission.

Jan Karski est polonais, catholique, mais confessera être devenu un "catholique juif". Il reste aussi un polonais et défend sa terre dont il comprends vite qu'elle ne compte pas vraiment pour les alliés, qu'elle n'est qu'une part de négociation cédée aux russes. Une terre humiliée, souillée par les camps d'extermination construits par les allemands, un peuple accusé injustement d'antisémitisme, un pays abandonné aux mains du despotisme communisme.

La troisième partie du livre Yannick Haenel est la seule qui relève de la fiction, non pas dans les faits mais dans les pensées du personnage. Haenel fait dire à Karski son désespoir de ne pas avoir été entendu, son dégoût pour les alliés qu'il accuse d'être complice de l'extermination des juifs puisqu'ils savaient et qu'ils n'ont rien fait.
C'est bien cette partie, certes la plus travaillée dans le style, qui me pose problème. Haenel s'empare du corps de Karski pour lui faire développer cette théorie que l'homme avait défendu le restant de sa vie, mais il le fait avec les mots du romancier. S'il ne trahit sans doute pas tout à fait le fond de la pensée de Karski, la dureté de l'accusation et les mots employés ne sont pas forcément les termes ni les procédés qu'auraient employé Karski. Et cela on ne peut s'empêcher de le penser, et d'en être gêné. D'autant que Yannick Haenel nous a conditionné à un récit presque documentaire dans les deux premières parties, en se bornant à livrer scrupuleusement les faits et gestes de Karski entre 1939 et 1943. Et lorsque commence cette partie, ce soliloque de Karski, cette fiction d'une pensée reconstruite mot à mot (et pas forcément mot pour mot) on ne peut s'empêcher de penser que Karski aurait peut être choisit de le dire différemment, qu'il aurait été ici moins péremptoire, là plus précis.
Bien sûr Yannick Haenel rend hommage par ce livre au destin courageux de Karski, à sa détermination dans la transmission de la vérité. Et il ouvre son récit avec une citation de Paul Celan très maline qui le protège en quelque sorte: "Qui témoigne pour le témoin?".

Si l'on connaît le témoignage de Jan Karski dans Shoah de Lanzmann, le livre de Yannick Haenel à le mérite documentaire de nous transmettre à son tour ce qu'à été la mission de la vie entière de Karski.

Une interview de Jan Karski, ici.

mercredi 9 septembre 2009

Grippe A

Je vais essayer de faire court, promis. parce que je sais qu'il est de bon ton d'en avoir marre d'entendre parler de ce virus H1N1. Je voudrais juste pouvoir vous donner mon avis.

Je me souviens d'avoir vu au printemps prochain la toute petite dépêche sur le site du Monde qui annonçait la découverte au Mexique d'un nouveau virus grippal transmis par le porc. Juste quelques lignes perdues dans les dépêches et je me suis dit, spontanément, qu'on avait pas fini d'en entendre parler...
Alors on est d'accord pour dire que ce virus est beaucoup moins dangereux, mortel que celui de la grippe saisonnière. C'est un fait avéré aujourd'hui. De plus les tests en laboratoires démontrent qu'à ce jour le virus mis en présence des autres souches de grippe connue ne mute pas (lire ici). En clair il est relativement innoffensif. Par contre il se propage très facilement, à une vitesse sans précédent.

Pour les râleurs qui en ont marre d'entendre parler de ce virus, qui bien sûr ne va pas les toucher (c'est bien connu, ça n'arrive qu'aux autres), et à tous ceux qui disent qu'une grippe c'est rien, juste quelques mots.
On a pour habitude dde dire très facilement: "je suis grippé"... Souvent à tort et à travers. J'ai eu la grippe saisonnière il y a deux ans (l'organisme est susceptible d'être infecté environ tous les dix ans, le corps gardant en mémoire les anticorps de la précédente infection). Je peux vous dire que la grippe c'est autre chose qu'un peu de mal de gorge mélangé à du rhume.
Pour rappel une grippe arrive brutalement (en trois heures les symptômes se manifestent) cela dure 5 à 6 jours avec plus de 39°C de fièvre, et il faut à tout corps en bonne santé environ 7 jours pour récupérer par la suite, soit une totalité de presque deux semaines de fatigue et douleurs intenses. Avec 39°C, les courbatures, le mal de tête et la lucidité mise à mal par la fièvre impossible d'être confort et de lire, écrire, regarder un film. Non, pendant 5 jours vous n'êtes rien... Sans compter l'isolement pour ne pas transmettre la maladie, les cauchemars dûs à la fièvre...

Alors si un gouvernement est un tant soit peu responsable, sachant que le H1N1 est extrèmement transmissible et rapide et risque d'atteindre potentiellement 30 % (soit presque une personne sur trois) de la population, ce gouvernement se doit de prendre des mesures. Et ce que la France fait et pour une fois je ne voit rien à y redire si ce n'est qu'il faudrait être plus systématique sur la fermeture des écoles en cas de cas avéré.
Que les mauvaises langues qui disent que ce virus arrange bien les dirigeants pour cacher autre chose (et quoi d'ailleurs? la crise n'est pas éclipsée loin de là), se taisent. Ils sont ridicules.
Que ceux qui disent que les laboratoires font des bénéfices réfléchissent aussi. Oui ils vont faire de gros chiffres cette année... Mais à moins qu'ils aient créés eux-même le virus (je n'y crois pas) il ne font que leur métier.

Si l'on considère que 30% de la population risque d'être touchée et qu'on y ajoute en plus la grippe saisonnière, les épidémies de gastro-entérites et les incapacités de travail pour les parents dont les enfants sont malades, on en conclut vite qu'en effet l'organisation d'un pays est très vulnérable face à ce type de virus.
Pensez déjà aux hivers habituels ou pour de simples gastro-entérites les médecins sont débordés, où des centaines de milliers de parents ne peuvent travailler pour garder leur enfant alité... Il est donc légitime de s'inquiéter et de préparer une organisation de travail pour faire face.

Quand à la vaccination je suis partagé. Les tests sur les êtres humains ne seront pas terminés avant la mise sur le marché du vaccin, phénomène exceptionnel dû à une situation (potentiellement) exceptionnelle. Cela dit le risque d'effets indésirés est compris entre 1 et 10 cas pour un million puisque ce virus est relativement proche des virus connus et "maîtrisés".
Alors bien sûr l'idéal serait d'échapper au virus tant que les tests ne sont pas terminés... soit d'ici la fin de l'hiver.

Voilà ce qu'il me semblait bon de rappeler aux râleurs, aux insouciants qui croient encore au complot médiatique, à la conspiration mondiale.

A lire ici le témoignage d'une ex-grippée...
et une petite histoire des grippes.

mardi 8 septembre 2009

MOI (6) : Un an de navigation

Ce blog à un an aujourd'hui ! Bon anniversaire le blog...
Je ne saurais pas vraiment tirer un bilan de cet exercice étant donné qu'il n'y avait pas vraiment d'objectif au départ. C'était pour moi plutôt une expérimentation de plus sur le net. Et puis écrire sur les quelques sujets qui peuvent m'agacer ou me passionner d'où le titre : des cris, des chuchotements. Bref un projet assez classique pour un blog si ce n'est que je n'avait pas prévu de me raconter comme dans un journal ou certains blogs. Là dessus j'ai toujours assez résisté (sans difficulté il faut le reconnaître), sauf sur des petites choses sans conséquences ou alors d'une façon suffisamment cryptée afin que les intéressés comprennent.
Je n'ai pas été régulier à mon grand désespoir dans l'alimentation du blog. A certaines périodes de l'année je n'ai vraiment ni le temps, ni l'énergie de m'y consacrer. Mais je ne culpabilise pas, malgré les réflexions (qui tout de même font plaisir) lorsque je manque de donner des nouvelles.
Comme je le disais il y a peu ce blog provoque peu de commentaires (quoique cela change un tout petit peu) et que je n'en comprends toujours pas l'explication. D'autant qu'il y a de la visite et qu'il est lu... Oui je le sais car il y a les statistiques mais surtout les gens que je croisent et qui me disent le lire avec plaisir et cela m'étonne toujours car bien sûr on ne sait pas qui lit...
Moi pourtant je ne me suis jamais caché sous un pseudonyme, sous un avatar... on peut très facilement savoir qui écrit en cherchant un peu sur le net. Je trouve d'ailleurs toujours cet anonymat des blogs un peu ridicule. Car on tombe sur un blog souvent parce qu'un ami renvoie via un lien vers celui-ci et il n'est donc pas rare de lire quelqu'un que l'on connaît au moins de vue, dont on connaît les centres d'intérêt. Alors pourquoi se cacher? Au contraire je trouve enrichissant de lire le blog de quelqu'un que je connaît afin de mieux le connaître, mieux le comprendre.

Aujourd'hui dernier coup de fil à un ami que je connais depuis le lycée et avec qui j'ai habité et aussi travaillé à plusieurs reprises ces quinze dernières années. Non dernier coup de fil est exagéré... Disons qu'il vient de vendre son appartement pour acheter un bateau et partir sur les mers et les océans avec femme, enfants et chat. Donc le téléphone ça va être difficile dans les mois ou années qui viennent... bien sûr il y aura les mails et le blog qu'il va tenir. Si ça vous intéresse même si vous ne connaissez pas c'est .
Il quitte la France. Oui il s'est plu à répéter ça plusieurs fois au téléphone. Ils ont de quoi tenir financièrement dans les mois qui viennent, un premier itinéraire est tracé (Bretagne, Espagne, Sénégal, Cap Vert, Antilles, Brésil) et puis ils verront. Il m'a parlé de la difficulté administrative et du bonheur mêlés de se séparer de certaines entraves (portable, internet, edf, assurances, voiture, etc...). Le projet est mûrement réfléchi depuis des mois et ils semblent heureux de leur choix sans toutefois idéaliser. Bien sûr ce qui a motivé leur départ est l'ennui lié au travail et à ses conditions surtout: la précarisation, les pressions financières, le fait de devoir toujours travailler pour moins d'années en années. Et puis l'ambiance délétère qui règne dans le pays, alors qu'il a toujours été très modéré politiquement finalement.
Je lui ai souhaité bon vent (ben oui on parle comme ça aux marins, hein).

Vous avez vu les images de ces ministres et autres cadres de l'UMP qui pavoisent à l'unIversité d'été de leur parti? Vous avez remarqué que ces gens là dès qu'ils sont loin de Paris, se la joue à la cool avec des signes ostentatoires de décontraction de droite: chaussures bateau, polo Lacoste, jean, chemise à manche courtes (preuve du pire mauvais goût), voire même chemise en jean à manches courtes (l'horreur absolue), petit pull jeté sur les épaules. Vous les voyez les Lefebvre, Hortefeux, Chatel, Morano, Devedjian, Besson, et autres Worth ? Vous les voyez comme ils se pavanent ? J'ai plus que jamais envie de les gifler jusqu'au sang.

Vivement que le vent tourne...

lundi 7 septembre 2009

FICTION (20)

Pas de nouvelles de So.S. et ça me manque plus que jamais. J'aurais tant à lui dire et tant à écouter sans doute.
Et depuis des mois je lui parle dans ma tête chaque jour, le matin ou le soir en m'endormant.
So.S. à toi...

mercredi 2 septembre 2009

Le syndrome de Stendhal

Lors de mon récent séjour à Amsterdam je suis allé au musée Van Gogh et au Rijksmuseum (le musée national). Voir les toiles de Vincent Van Gogh était la motivation principale de mon voyage (et non pas ce que vous pensiez...), c'était un souhait depuis plusieurs années. Souhait que j'ai mis du temps à exaucer sans doute parce que je voulais garder le plaisir de l'attente précédent cette découverte, comme c'est le cas pour bien d'autres destinations, d'autres oeuvres. Comme s'il fallait garder encore plein de choses à découvrir, tout en prenant sans doute le risque de ne jamais les voir, mais c'est ainsi.

Les seules toiles de Van Gogh que j'avais approché jusqu'à présent en vrai étaient donc celles du musée d'Orsay à Paris. Avec une émotion certaine. Donc découvrir près de 200 toiles en trois ou quatres heures passées au musée Van Gogh d'Amsterdam serait forcément un moment important, précieux et forcément un peu angoissant pour moi.
Les oeuvres de Van Gogh sont tellement liées à son état mental, à son psychisme que l'on a la sensation très forte de ressentir les angoisses, le malaise, ou bien la joie simple qu'il a pû éprouver devant les lieux, paysages, personnes peintes. C'est sans doute un des premiers peintres qui sort des représentations académiques, des exercices obligés puisqu'il ne fut pas confronté à la commande. Van Gogh peignait donc ce qu'il aimait et ce jusqu'à l'obsession en reproduisant au fil de plusieurs toiles les mêmes lieux, les mêmes personnes. Et je ne vous apprends rien en vous disant que dans le trait, l'épaisseur de la peinture se sont vraiment ses états, ses émotions que Van Gogh retranscrit, de la mélancolie à la tranquillité.
Donc face à ses peintures on ne peut que suivre le fil des émotions de Van Gogh et le suivre vers sa folie.

Si cette visite fut émouvante et m'a permis de découvrir des tableaux que je ne connaissait pas (notamment ses influences japonisantes), le plus troublant fut de découvrir deux jours plus tard, toujours à Amsterdam les toiles de Rembrandt au Rijksmuseum.
Autant dire que je ne m'attendait pas à être aussi saisit par les portraits et auto-portrait de Rembrandt. Sans doute est-ce l'hyper réalisme, le travail de la lumière (le fameux clair obscur) et ce regard du personnage vers nous qui trouble. Ce regard qui traverse venu de près de trois siècle en arrière et qui nous scrute avec force. La profondeur, la densité de ces pupilles qui nous transpercent. c'en est presque gênant. Et puis bien sûr toujours cette incroyable sensation s'être là à quelques centimètres de la pâte que le maître à jadis malaxé au bout du pinceau, autant dire de ses doigts. Il m'a fallu de longues minutes devant chaque toile de loin, de très près, puis assis au milieu de la pièce pour absorber le choc, la déflagration silencieuse qui nous projette au bord du malaise. Jusqu'à éprouver un peu de ce qui s'appelle le "syndrome de Stendhal" décrit par l'écrivain alors qu'il sortait de la basilique Santa Croce à Florence: "J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent des sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de coeur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber".
Pour comprendre cela il faut voir en vrai La Fiancée juive (toile vénérée par Van Gogh), l'auto-portrait en apôtre Paul, ou encore Le syndic de la guilde des drapiers (incroyable sensation de mouvement de surprise, regards surpris, presque apeurés tournés vers nous).

Il paraît que ce "syndrome de Stendhal" est fréquemment observé chez des touristes se rendant par exemple à Jérusalem et qui ressentent une forte émotion, voire une pression quasi insoutenable dans ce lieu chargé de siècle d'histoire et de croyances auquel s'ajoute la tension palpable dans la région. Ou bien devant les chef d'oeuvres de la renaissance italienne (comme pour Stendhal justement) ou encore pour les touristes japonais se rendant à Paris qu'ils ont tellement idéalisé. d'ailleurs dans ce dernier cas on rapporte souvent qu'il s'agit d'un effondrement dû à la déception de trouver un Paris qui ne serait pas à la hauteur de l'image qu'ils s'en étaient fabriqués (étonnant non? hahaha...).
Et ces derniers jours, au Louvre, une touriste russe à jeté une tasse de thé sur La Joconde... réaction de violente déception? geste de protection face à un visage si énigmatique, d'une angoissante passivité?

Bien sûr La Joconde est protégée par une vitre blindée et c'est dire ce que ce tableau peut cristaliser d'inquiétude par rapport au vol, ou aux réactions des visiteurs. De même à Amsterdam les toiles de Van Gogh sont presque toutes présentées sous verre. ce qui est un peu dommage, nous séparant un peu de l'oeuvre et notamment à cause des quelques reflets inévitables sur le verre. D'ailleurs un visiteur disait: "les toiles qui ne sont pas sous verre doivent être des copies, des faux...". Il disait cela presque comme une sorte de protection me semble-t-il, ou comme si nous n'étions pas vraiment dignes de voir les vrais !
Aussi La Ronde de nuit de Rembrandt, considérée comme le sommet de la visite du Rijksmuseum, monumentale et certes impressionnante aussi est protégée par une distance de sécurité de trois mètres et gardée en permanence par un surveillant qui scrute les moindres gestes des visiteurs et qui se tient debout près à réagir. D'ailleurs son se prends à imaginer la scène si quelqu'un se précipitait pour toucher du doigt la pâte du maître.

Pour terminer j'ajouterais que Le Syndrome de Stendhal est aussi le titre d'un film de Dario Argento que je n'ai pas vu...
Par contre je vous ordonne de voir ou revoir le Van Gogh de Maurice Pialat, film immense ou Vincent est interprété par un grand acteur méconnu, Jacques Dutronc.