samedi 6 juin 2009

Lunar Park


De Bret Easton Ellis j'avais lu et aimé Moins que zéro et Les Lois de l'attraction (adapté assez mal au cinéma par Roger Avary, pourtant auteur de l'excellent Killing Zoé). Je n'ai pas encore lu, étrangement, ces best-seller que sont American Psycho et Glamorama.

Lunar Park est le premier roman à la première personne d'Ellis. Et même plus que cela puisque le narrateur et personnage se nomme Bret Easton Ellis, qu'il est un écrivain à succès qui à écrit les livres cités plus haut... Le roman (oui, Ellis insiste sur le fait qu'il s'agisse d'un roman) est une sorte d'auto-fiction dans laquelle le lecteur cherchera forcément (c'est le jeu de l'auto-fiction) la part du vrai, la part du faux. 
La plus grande part du vrai semble être dans la première partie où Ellis raconte en environ 80 pages ses débuts d'écrivain à succès (c'est sa profession...) ainsi que tous les à côtés. Parmi les à côtés: la drogue, les filles, les voyages, la médiatisation, l'argent, l'alcool... Ellis raconte à une vitesse vertigineuse l'ivresse et la gueule de bois de ces années là. Avec détails, humour, et sacrée dose d'auto-critique. De ce tourbillon, de ce grand-huit autour de la planète et dans sa tête l'auteur s'éjecte épuisé. Et on le comprends. Ellis ne sait plus qui il est, ce qu'il veut, ce qu'il va écrire.

Il est alors temps de recoller les morceaux avec son ex-femme, ses enfants, son passé en s'installant comme en cure, dans une banlieue policée de New-York.
La maison est immense, très confortable, le jardin est parfaitement entrenu, le jacuzi à disposition, l'école des enfants est une des meilleures de la région.
Bret Easton Ellis se pose, tente de s'intéresser à son fils Robby, à faire l'amour avec sa femme, à discuter poliment avec les voisins. Mais comme dans ces banlieues tranquilles il suffit de peu pour que tout dérape. Et je dis "peu"... mais très vite tout va devenir énorme, envahissant, étouffant.
Le chien de la maison semble détester Ellis, le mépriser même.
Robby, gavé de calmants pour lutter contre l'hyper-activité comme la plupart de ses amis, semble avoir une attitude indifférente voire hostile envers son père.
Une "banale" fête donnée dans la maison fait apparaître Patrick Bateman, le héros d'American Psycho.
Bret Easton Ellis le sent quelque chose cloche et c'est bientôt le fantôme de son père qui revient par mail...

La maison devient le théâtre de phénomènes étranges, mais aussi l'université où il enseigne, le journal local obsède Ellis, son amante devient insaisissable.
Ellis comprends que le passé le rattrape et que même son analyste n'y pourra rien et qu'il va devoir affronter les évènements seul.

Passé donc ces 80 premières pages Ellis nous entraîne dans un roman à la Stephen King tout en conservant la subtilité et l'humour qui font son talent. A ce stade on ne lâche plus le livre, on est Bret Easton Ellis et l'on sait qu'il va falloir aller au bout du livre pour se détacher de ses obsessions et de ses angoisses. On va rire parfois, avoir peur souvent et se dire que Bret Easton Ellis est décidément un immense écrivain. 

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