dimanche 16 août 2009

Jiro Taniguchi

Je (re)découvre ces derniers temps les joies de la lecture de bandes dessinées. Disons certaines bandes dessinées.
Pour moi la bande dessinée s'est longtemps résumée à Tintin (tout lu et relu avec beaucoup de plaisir quand j'étais petit), Lucky Luke (ouais bof), Les Shtroumpfs (quand j'étais petit c'était très à la mode!), mais aussi tous les Picsous magazine, Pif Gadget (Rahan etc...)... Puis sont venus les Comics avec une lecture assidue de Strange.
Depuis peu je lis à nouveau des bandes dessinées. Alors pas les BD genre les séries avec des chevaliers du moyen âge, ou des chevaliers de l'espace. Non ça je déteste: le dessin est souvent laid, les histoires un peu idiotes. Non je parle de la BD disons plus adulte (non pas Manara, même si j'adore Gulliveriana) mais plutôt ce qui est classé, pour faire chic, dans le "roman graphique".
Bon c'est depuis la découverte de Persépolis (longtemps avant le film...), soit quinze après avoir découvert Maus d'Art Spiegelman. Bref de la bande dessinée avec des auteurs, des styles, des histoires quoi.
Je reviendrais dans un autre post sur d'autres découvertes mais j'aimerais dire quelques mots sur Jiro Taniguchi.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Taniguchi est un mangaka (un auteur de mangas quoi), il est japonais comme il se doit et son oeuvre (si si) est constituée de deux parties: une assez commerciale dans le manga classique et une autre beaucoup plus personnelle. c'est cette dernière qui m'intéresse après avoir lu Un Zoo en hiver (sorti récemment) et le plus ancien Quartier Lointain.
Taniguchi raconte à la première personne ses souvenirs d'enfance, d'adolescence...
Dans Un Zoo en hiver il raconte comment il quitte sa ville natale pour Tokyo et commence son apprentissage de mangaka en travaillant comme assistant chez un célèbre mangaka. Le coeur de l'histoire c'est sa rencontre avec une jeune fille de son âge à la santé fragile qui va l'encourager à écrire son premier manga.
L'histoire est simple, limpide comme le trait de Taniguchi est précis, épuré. taniguchi travaille à partir d'un matériel autobiographique et du quotidien, de facture relativement réaliste en dessinant le Japon de son époque. Pourtant ses histoires sont transposables avec nos propres souvenirs et émotions, et donc le Japon s'efface comme par magie pour nous replonger dans des moments connus de notre propre vie. Taniguchi reste réservé dans les sentiments, comme ses personnages, et pourtant nous sommes submergé par l'émotion.
Quartier Lointain est son Rosebud, son oeuvre phare. Taniguchi raconte l'histoire d'un homme, la quarantaine, qui va se recueillir sur la tombe de sa mère et s'évanoui (ou s'endort on ne saurais trop dire) et qui se réveille dans la peau de l'enfant de 14 ans qu'il a été, dans le Japon de son enfance. Le héros se retrouve donc à nouveau au collège (il s'agit d'un tout autre Retour au collège que celui de Ryad Sattouf!), dans sa famille, avec ses amis... mais avec les souvenirs qui se superposent, et le savoir et la psychologie d'un homme de quarante ans (il y a du Benjamin Button là-dedans? oui un peu...). Je vous laisse découvrir la suite car je ne voudrais pas gâcher votre plaisir de la découverte.
Lire Jiro Taniguchi se fait avec calme, délectation, émotion. J'ai tout simplement hâte de découvrir la suite de son oeuvre autobiographique publiée chez Casterman dans la géniale collection Ecriture: L'Homme qui marche, Le Journal de mon père, Terre de rêve, Un ciel radieux.
Notez que Quartier lointain à reçu l'Alph Art du meilleur scénario au Festival d'Angoulème en 2003. De plus, une adaptation au cinéma est en route par Sam Garbarski (Le Tango des Rashevski, Irina Palm.... je crains le pire en fait...), transposé en France (mon dieu!!!...).
Alors lisez Quartier lointain avant qu'il ne soit salopé par le cinéma!

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