mercredi 2 septembre 2009

Le syndrome de Stendhal

Lors de mon récent séjour à Amsterdam je suis allé au musée Van Gogh et au Rijksmuseum (le musée national). Voir les toiles de Vincent Van Gogh était la motivation principale de mon voyage (et non pas ce que vous pensiez...), c'était un souhait depuis plusieurs années. Souhait que j'ai mis du temps à exaucer sans doute parce que je voulais garder le plaisir de l'attente précédent cette découverte, comme c'est le cas pour bien d'autres destinations, d'autres oeuvres. Comme s'il fallait garder encore plein de choses à découvrir, tout en prenant sans doute le risque de ne jamais les voir, mais c'est ainsi.

Les seules toiles de Van Gogh que j'avais approché jusqu'à présent en vrai étaient donc celles du musée d'Orsay à Paris. Avec une émotion certaine. Donc découvrir près de 200 toiles en trois ou quatres heures passées au musée Van Gogh d'Amsterdam serait forcément un moment important, précieux et forcément un peu angoissant pour moi.
Les oeuvres de Van Gogh sont tellement liées à son état mental, à son psychisme que l'on a la sensation très forte de ressentir les angoisses, le malaise, ou bien la joie simple qu'il a pû éprouver devant les lieux, paysages, personnes peintes. C'est sans doute un des premiers peintres qui sort des représentations académiques, des exercices obligés puisqu'il ne fut pas confronté à la commande. Van Gogh peignait donc ce qu'il aimait et ce jusqu'à l'obsession en reproduisant au fil de plusieurs toiles les mêmes lieux, les mêmes personnes. Et je ne vous apprends rien en vous disant que dans le trait, l'épaisseur de la peinture se sont vraiment ses états, ses émotions que Van Gogh retranscrit, de la mélancolie à la tranquillité.
Donc face à ses peintures on ne peut que suivre le fil des émotions de Van Gogh et le suivre vers sa folie.

Si cette visite fut émouvante et m'a permis de découvrir des tableaux que je ne connaissait pas (notamment ses influences japonisantes), le plus troublant fut de découvrir deux jours plus tard, toujours à Amsterdam les toiles de Rembrandt au Rijksmuseum.
Autant dire que je ne m'attendait pas à être aussi saisit par les portraits et auto-portrait de Rembrandt. Sans doute est-ce l'hyper réalisme, le travail de la lumière (le fameux clair obscur) et ce regard du personnage vers nous qui trouble. Ce regard qui traverse venu de près de trois siècle en arrière et qui nous scrute avec force. La profondeur, la densité de ces pupilles qui nous transpercent. c'en est presque gênant. Et puis bien sûr toujours cette incroyable sensation s'être là à quelques centimètres de la pâte que le maître à jadis malaxé au bout du pinceau, autant dire de ses doigts. Il m'a fallu de longues minutes devant chaque toile de loin, de très près, puis assis au milieu de la pièce pour absorber le choc, la déflagration silencieuse qui nous projette au bord du malaise. Jusqu'à éprouver un peu de ce qui s'appelle le "syndrome de Stendhal" décrit par l'écrivain alors qu'il sortait de la basilique Santa Croce à Florence: "J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent des sensations célestes données par les beaux-arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de coeur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber".
Pour comprendre cela il faut voir en vrai La Fiancée juive (toile vénérée par Van Gogh), l'auto-portrait en apôtre Paul, ou encore Le syndic de la guilde des drapiers (incroyable sensation de mouvement de surprise, regards surpris, presque apeurés tournés vers nous).

Il paraît que ce "syndrome de Stendhal" est fréquemment observé chez des touristes se rendant par exemple à Jérusalem et qui ressentent une forte émotion, voire une pression quasi insoutenable dans ce lieu chargé de siècle d'histoire et de croyances auquel s'ajoute la tension palpable dans la région. Ou bien devant les chef d'oeuvres de la renaissance italienne (comme pour Stendhal justement) ou encore pour les touristes japonais se rendant à Paris qu'ils ont tellement idéalisé. d'ailleurs dans ce dernier cas on rapporte souvent qu'il s'agit d'un effondrement dû à la déception de trouver un Paris qui ne serait pas à la hauteur de l'image qu'ils s'en étaient fabriqués (étonnant non? hahaha...).
Et ces derniers jours, au Louvre, une touriste russe à jeté une tasse de thé sur La Joconde... réaction de violente déception? geste de protection face à un visage si énigmatique, d'une angoissante passivité?

Bien sûr La Joconde est protégée par une vitre blindée et c'est dire ce que ce tableau peut cristaliser d'inquiétude par rapport au vol, ou aux réactions des visiteurs. De même à Amsterdam les toiles de Van Gogh sont presque toutes présentées sous verre. ce qui est un peu dommage, nous séparant un peu de l'oeuvre et notamment à cause des quelques reflets inévitables sur le verre. D'ailleurs un visiteur disait: "les toiles qui ne sont pas sous verre doivent être des copies, des faux...". Il disait cela presque comme une sorte de protection me semble-t-il, ou comme si nous n'étions pas vraiment dignes de voir les vrais !
Aussi La Ronde de nuit de Rembrandt, considérée comme le sommet de la visite du Rijksmuseum, monumentale et certes impressionnante aussi est protégée par une distance de sécurité de trois mètres et gardée en permanence par un surveillant qui scrute les moindres gestes des visiteurs et qui se tient debout près à réagir. D'ailleurs son se prends à imaginer la scène si quelqu'un se précipitait pour toucher du doigt la pâte du maître.

Pour terminer j'ajouterais que Le Syndrome de Stendhal est aussi le titre d'un film de Dario Argento que je n'ai pas vu...
Par contre je vous ordonne de voir ou revoir le Van Gogh de Maurice Pialat, film immense ou Vincent est interprété par un grand acteur méconnu, Jacques Dutronc.

3 commentaires:

MitlaMit a dit…

C'est intéressant ce que tu décris, j'ai été à l'occasion au musée d'art moderne de Strasbourg, ça ne m'a pas du tout fait ça ! :D

meumeu a dit…

C'est quand même dommage d'être aussi paresseux... Arrêtes de recopier des articles médiocres (Ces syndromes qui frappent les touristes étrangers), j'aime mieux te lire quand tu étais toi-même !

Seb B. a dit…

ben je ne crois pas ne pas être moi-même là parce que je parle de choses qui me sont personnelles tout de même... c'est juste que je voulais raconter ça et en plus je suis tombé sur cet article donc oui j'y ai aussi relaté ce que j'ai lu. Mais il me semble que ce n'est qu'une toute partie du post... sans vouloir être désagréable.