mardi 18 novembre 2008

Mesrine, l'instinct de mort

Comme beaucoup j'attendais ce film sur Mesrine après avoir lu de longs passages de son autobiographie, L'instinct de mort.
Finalement je me suis ennuyé passablement devant le film alors qu'il y avait dans le livre une sorte de fièvre lorsque Mesrine racontait son parcours. Je n'ai toujours vu que Cassel, et trop peu Mesrine dans ce film. Enfin dans cette moitié de film puisqu'il s'agit vraiment d'une partie de film et non pas d'un volet. Donc je me prononcerais plus sûrement après avoir vu la seconde partie dans les jours qui viennent.
Toutefois le film me pose des problèmes dans sa façon d'aborder le personnage, et dans sa mise en scène.
Si je ne vois que Cassel c'est peut-être justement parce que dans cette première partie Mesrine n'existe pas encore vraiment. je veux dire par là que Mesrine, le personnage que l'on "connaît", n'est pas encore tout à fait né. peut-être... l'hypothèse reste à vérifier. Même si j'ai toujours du mal avec Cassel qui, pour moi, ne s'efface jamais derrière un rôle si ce n'est parfois dans Sur mes lèvres de Jacques Audiard. J'ai toujours l'impression de voir Cassel qui nous fait une démonstration de force, de toute puissance de sa présence. Et puis j'ai le sentiment que dans ce cas il n'aime pas son personnage... il n'aime pas Mesrine. On pense ce que l'on veut de Mesrine mais il faut bien, pour interpréter un rôle, l'aimer un peu. Aimer au moins l'homme même si l'on ne cautionne pas tout ses actes, même si on ne le comprends pas toujours. Et là je voit Cassel nous dire en permanence "Je joue Mesrine, mais attention je cautionne pas, hein?". Je pense que Cassel est bien trop straight pour défendre la trajectoire de Mesrine et qu'il préfère rester politiquement correct en se mettant à distance d'un personnage dont il ne veut défendre aucun acte. et ça me gêne tout le long du film.
Le fait que le film soit réalisé par Jean-François Richet était là aussi une promesse d'énergie. Mais malheureusement je trouve que Richet perd beaucoup d'énergie à remuer sa caméra sans arrêt, à zoomer, à recadrer dans le style caméra embarquée au coeur de l'action qu'à nous donner le plaisir, l'ivresse que pouvait ressentir Mesrine à chacun de ses coups. Là encore je pense que Richet se méfie de Mesrine, qu'il ne l'aime pas suffisamment. Même simplement pour essayer de l'approcher, tenter de le comprendre.
Que reste t-il quelques jours après la projection? Peu de choses, peu de scènes, peu de plaisir.
Peut-être une émotion, une seule en deux heures, au moment où Mesrine téléphone à sa compagne et lui dit qu'il va venir la chercher, la sortir de sa prison, et où elle le supplie de ne pas le faire et lui dit que c'est terminé entre eux. Là le split-screen sert vraiment le film et les acteurs, en les séparant au propre comme au figuré, en mettant côte à côte ces deux visages.
D'ailleurs il faut souligner la belle prestation de Cécile de France, méconnaissable pour le coup, esquissant en quelques scènes un vrai personnage, qui existe plus que tous les autres.
Il me reste en tête aussi cette scène vers la fin, où il y a ce moment d'hésitation, de peur, juste avant d'abattre les deux gardes forestiers. Pour une fois on sent Mesrine, sa tension, son hésitation. Et la mise en scène, calme, précise, me semble totalement réussie grâce à  ce triangle Mesrine-Mercier-Les gardes au milieu duquel se trouve, prisonnière la compagne de Mercier.
Mais comment pardonner ces scènes ridicules plus tôt dans le film?
La séquence de générique avec force split-screen sensé muscler, tendre une tension qui n'existe en fait jamais au coeur du plan. Et cette première phrase inaudible de Mesrine dans la voiture (une clé? rendre inaudible la voix de Mesrine?...).
Ou encore cette scène ridicule où il baise avec une prostituée et où il lui parle en même temps.
Et puis la scène du dîner familial, toc au possible. Ou cette scène où apparaît Guido (Depardieu) et où on se croirait dans une parodie de film de gangster franchouillard.
D'ailleurs la simple présence de Depardieu dans ce rôle m'agace. Je le trouve mauvais comme rarement (et pourtant on a eu des occasions de le voir mauvais!). J'aurais vraiment aimé voir Guido sous les traits d'un acteur inconnu, plus arride, plus rèche. Je préfère ne même pas m'étendre sur l'insupportable Gilles Lellouche...
Et puis il y a cette lumière baveuse, criarde, appuyée qui (surtout dans la première moitié du film) donne un ton Le fabuleux destin de Jacques Mesrine... Même si cela s'arrange un peu avec la lumière naturelle des scènes au Canada.

J'irai voir la suite du film, pour une vision d'ensemble et peut-être être plus juste avec  un film qui pour l'instant m'a passablement ennuyé.

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