dimanche 5 octobre 2008

FICTION (7)

Parfois lorsque je m'endormais contre elle, j'imaginais que nous n'étions pas à Paris. 
J'imaginais que nous étions dans un chalet en montagne. Au dehors il neigeait, la grêle battait les vitres, le vent tourbillonnait dans la charpente. J'imaginais que nous avions trouvé ce chalet après avoir marché longtemps dans la forêt, en pleine nuit, et que nous y étions entrés par effraction.
Le chalet était petit, d'un confort modeste mais suffisant. Nous avions fait un feu.
Nous nous étions réfugiés là, fuyants je ne sais quel cataclysme, épidémie ou guerre, pour nous sauver du monde. Là personne ne nous trouverait plus jamais mais curieusement cette pensée me rassurait.
Commençait alors une période d'une durée indéterminée durant laquelle nous allions vivre comme bon nous semblait. Nous nous lèverions parfois très tôt, nous réchaufferions un peu de café dans une casserole tandis que la brume envelopperait le chalet. Nous dormirions jusque tard dans la journée et soufflerions sur les braises grises de la cheminée.
Bientôt nous ne parlerions plus, n'ayant rien à raconter du dehors, rien à commenter, rien à détester. 
Les mots nous seraient alors inutiles et nous en perdrions peu à peu la signification.

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