mercredi 1 octobre 2008

FICTION (6)

Elle m'a dit: "Il y a quelques années je réfléchissais plus vite, j'étais en quelque sorte plus intelligente".
Elle a 32 ans. Elle est, me semble-t-il, très intelligente.
D'autres auraient dit: "Il y a quelques années j'étais plus belle".
Elle est belle de toute façon. plus belle? Moins belle que quelques années auparavant? Plus véloce intellectuellement ou moins qu'il y a quelques années?
Je ne sais pas. Disons que lorsqu'elle avait 20 ans (c'est à cet âge qu'elle faisait référence) je ne la connaissait pas. Je le regrette, non pas pour la beauté ou l'intelligence, pour son amitié simplement.

Cela m'a paru étrange de dire une chose pareil. Et pourtant c'est sans doute assez juste, assez logique, physiologiquement parlant. Mais à son âge on dit rarement ça.
Ca m'a plu. Ca m'a ému.

Je la regardais: je la trouvais belle et intelligente depuis que je la connaissait. Je m'imaginais un instant la connaître plus belle et plus intelligente encore. Plus brillante, plus étincelante. Je regrettais de ne pas avoir connu ses 20 ans, pour en être ébloui.

Elle m'a dit ça avec une simplicité, une humilité et presque de la culpabilité. C'était désarmant.
Elle se sent vieillir, à tout point de vue, et elle ne semble pas trouver ça révoltant, mais plutôt dégueulasse, dégoûtant. C'est ça j'ai l'impression qu'elle se trouvait dégoûtante, qu'elle avait honte.

Je lui suis reconnaissant d'une telle humilité. son amitié n'en est que plus précieuse.

Souvent quand je la regarde (surtout lorsqu'elle est de profil) je vois cette beauté soumise à la vie, un air triste et résigné avec un sourire comme excuse.

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