lundi 8 septembre 2008

Cops

J'étais à Barbès. Soudain un policier sort d'une voiture, il court, me frôle et se jette sur un homme qu'il plaque contre une des piles du métro aérien.
Il est rejoint par un autre policier puis un autre, puis se sont cinq voitures de police, pas moins, qui débarquent toutes sirènes hurlantes.
Les passants s'arrêtent, observent. Moi aussi.
L'homme plaqué contre le mur proteste, se débat. L'homme est âgé d'une cinquantaine d'années, petit, corpulent, de type nord-africain comme disent les policiers.
L'homme est mis à terre, le visage plaqué sur le bitume recouvert de déjections de pigeons.
Un policier le maintient à terre avec un genoux sur le dos. L'homme se plaint, demande pourquoi il est arrêté. Le policier s'énerve tandis que sont collègue tente de lui passer les menotes.
Le policier réponds (en le tutoyant) qu'il sait très bien pourquoi il est arrêté.
Un groupe compact de passants s'est formé autour de la scène. Un homme puis un autre protestent contre la violence de l'arrestation. un troisième policier réponds: "Vas le dire à la femme à qui il a planté un couteau dans le ventre...". L'homme ne se démonte pas et argumente que ce n'est pas une raison de la traiter ainsi, le tutoyer, le traîner par terre. Les policiers sont nerveux, les tonfas (matraques) et les flash-balls sont en main. Ils repoussent la foule massée autour d'eux. Soudain un des policiers lance à la foule: "Allez on dégage les pédés!". Un homme s'énerve, le ton monte et voilà le passant nez à nez, quasiment front contre front avec un policier.
Pendant ce temps on jette l'homme interpellé dans une voiture. On repousse encore les passants, avec une tonfa deux policiers démontent le stand d'un vendeur de maïs grillé.
La police repart finalement assez vite, sentant que la situation peut dégénérer.

Il y a quelques années ceci ne se serait pas déroulé ainsi. On le sent bien il y a un décalage de plus en plus grand entre la police et la population. Auparavant on laissait les policiers travailler. serait-ce une sorte de vigilance citoyenne? Peut-être, et tant mieux dans ce cas, mais pourquoi cette vigilance? 
Parce que la suspicion est de mise.
Il faut dire que la violence de plus en plus manifeste des arrestations, le tutoiement systématique, l'arrogance des policiers, et la sensation qu'une certaine population est visée n'arrange rien. Aujourd'hui on ne se sent plus en sécurité près de la police.
des "incidents" récents, quasiment pas relayés par les médias (et surtout pas la télévision), prouve qu'il y a une volonté de mettre de l'ordre dans la population, d'empêcher tout rassemblement comme si cela constituait une menace. Parmi ces "incidents" récents on peut citer la charge contre des lycéens fêtants tranquillement le baccalauréat sur le Champs-de-Mars: lacrymogènes, matraques, flash-balls, insultes. Et aussi le concert associatif qui finit mal à la Goutte d'Or, suite à une mauvaise interprétation de la part des policiers sur un petit mouvement de foule qui n'était rien d'autre qu'un jeu entre jeunes, en toute camaraderie. Là encore: lacrymogènes, matraques, etc...

La police perd son sang froid. La police n'a plus la confiance de la population.
Ce sont de mauvais signes, parmi ceux déjà nombreux,  qui témoignent de l'écart qui se creuse chaque jour entre l'état et le peuple.

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