vendredi 19 septembre 2008

Télérama cite Godard qui cite Bazin?


Avez-vous remarqué l'accroche de l'affiche de La Belle personne de Christophe Honoré?

"Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs" Télérama

Il est assez stupéfiant que l'affiche utilise cette phrase éculée, très connotée, et qu'en plus elle soit attribuée à Télérama!
Cette phrase ouvre rappelons-le Le Mépris de Jean-Luc Godard.
Cette phrase est souvent attribuée à Godard. Mais Godard l'attribuait à Bazin. 
Pourtant il semblerait que cette phrase soit de Michel Mourlet qui avait écrit: Le cinéma est un regard qui se substitue au nôtre pour nous donner un monde accordé à nos désirs (dans son article Sur un art ignoré, Les Cahiers du cinéma n°98). (thanks Zorra! ;-)

Le distributeur (Le Pacte) n'a peur de rien. Prendre une phrase si célèbre, l'attribuer à Télérama à la place de Godard, ou Bazin. 
Le distributeur est donc un sacré petit malin...
Il a été souvent dit que Christophe Honoré jouait avec le souvenir de la Nouvelle Vague, essentiellement avec Dans Paris et Les Chansons d'amour. Certes.
Mais de là à s'approprier cette phrase venue du Mépris de Godard. Et de plagier quasiment l'affiche de La Chinoise (du même Godard), le sang et l'arme en moins... mais en ne se privant pas de la ressemblance de Léa Seydoux avec Anne Wiazemsky...

Le film, adapté de La Princesse de Clève de Madame de La Fayette, est donc vraiment post-moderne, jusque dans son affiche, jusque dans sa promotion!
Reste à aller voir le film pour s'en faire une idée.




7 commentaires:

Anonyme a dit…

Eprise d'exactitute, je rectifie : la phrase est attribuée à André Bazin par Godard dans Le Mépris, mais c'est une blague ou bien une lubie de JLG à sa manière ; la phrase est en fait reprise à Michel Mourlet qui écrivit dans son article un peu fameux, Sur un art ignoré, « Le cinéma est un regard qui se substitue au nôtre pour nous donner un monde accordé à nos désirs »...
De rien.

Seb B. a dit…

oui merci de cette précision, en fait j'en était pas sûr... mais du coup je rectifie!

mais qui es-tu Zorra?

Anonyme a dit…

Devine.

Seb B. a dit…

héhé... c'est pas que j'aime pas les devinettes... mais bon il faut me donner un indice à la fois pertinent et un peu malin...

hein Zorra?

Anonyme a dit…

Pas grave, je te dirai la prochaine qu'on se croisera. L'important c'est d'avoir rendu à Mourlet ce qui lui revenait.

Joachim a dit…

"La belle personne" du titre ne me semble pas tant désigner le personnage de Léa Seydoux qu'Honoré lui-même, au sens où l'adjectif "beau" se rapporte aux pièces rapportées de la famille ("beau-père", "belle fille"). Honoré se pose en tuteur de ce casting rempli de "fils de" pour mieux signifier que bien que "roturier", il est désormais intégré à la grande famille du cinéma français et qu'il se targue d'en être l'héritier.

Anonyme a dit…

Remarque très juste de Joachim !

On remarquera aussi que la phrase du Mépris ne veut en fait rien dire (un monde qui se substitue à un regard ?) mais est plus frappante d'emblée que l'originale de Mourlet qui paraît lourde. C'est ça aussi la post-modernité : le style avant l'idée, les signes plutôt que le sens.